Donald Trump, le revenant président
- Eva Romano

- 25 janv.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 janv.
Après une interlude de quatre ans, la reprise du milliardaire politique fait fureur au sein du monde politique et économique américain
Réélu sur un large mandat
A la suite de la tentative de coup d’État du 6 janvier 2020, Donald Trump était supposé disparaitre de la sphère politique. Pourtant, même confronté à une attaque contre la démocratie américaine qui n’a pas été vu depuis le Wall Street Putsch de 1933, seuls sept sénateurs républicains sur cinquante ont osé le désavouer et voter sa destitution, alors que dix-sept voix auraient été nécessaires. La majorité des sénateurs dissidents ne comptait même pas se représenter pour un nouveau mandat.
Lors des élections de mi-mandat en 2022, Trump effectue son premier retour complet au sein de la scène politique américaine, en prenant soin de ne soutenir que des candidats portant sa ligne extrême MAGA contre des candidats républicains modérés. Parmi eux, on retrouve cent cinquante sur deux cents vingt-deux élus républicains à la Chambre basse, et six sénateurs, y compris JD Vance, le nouveau Vice-Président. Néanmoins, beaucoup des candidats soutenus par Trump, particulièrement lors des élections sénatoriales, ont perdu leurs élections dans les Swings States, ces États qui ne sont ni à gauche et ni à droite.
Malgré ces défaites électorales, Trump reste largement majoritaire au sein du parti conservateur, et n’a même pas besoin de débattre afin de remporter les primaires républicaines pour la candidature présidentielle. La traversée du désert effectuée par Trump a été longue, et peut être retracée. Selon l’agrégateur de sondages 538, au dernier jour de ce premier mandat, 57% des américains avaient une image défavorable du président. Néanmoins, entre 2021 et 2025, ce chiffre descend progressivement, à 54%* lors des élections de mi-mandat, à 52%* à la suite de la tentative d’assassinat sur Trump, puis aujourd’hui, à 48%*, avec 46%* des américains qui sont désormais favorable à son retour.
Ainsi, le 5 novembre 2024 il remporte l’élection présidentielle avec 49.8% des voix, contre 48.3% pour Kamala Harris, la candidate démocrate. Il est alors présent dans les Etats clés avec 15 millions de votes en plus pour lui qu’en 2016, soit 77,3 millions de voix.
Il promet un retour fracassant
Cette victoire électorale, Trump ne l’a pas acquise en polissant son image. Au contraire, au fur et à mesure de sa campagne, il devient virulent vis à vis de ses ennemis politiques. Condamné par la justice pour 34 délits, l'ancien président promet d’utiliser le système judiciaire américain afin d’attaquer ses opposants politiques, à commencer par ceux qui l’ont mis en examen dans différentes enquêtes depuis 2021. En plus de cela, Trump affirme également qu'il agira en dictateur dès le premier jour de son mandat, s’appuyant sur la rhétorique de l'homme fort, caractéristique des régimes fascisants, tout en présentant la violence de son programme comme purge salvatrice pour les États-Unis. Son projet touche la déportation massive des immigrés, au rythme “raisonnable” selon son Vice-Président de “1 million d’immigrés par an”. Le président compte s’appuyer sur un travail conjoint de toutes les forces de l’ordre américaine, au niveau local et fédéral. Trump n'exclut pas le recours à l’armée au profit du maintien de l’ordre dans le pays, du jamais-vu depuis la guerre de sécession. Parallèlement, la répression des opposants politiques “antifa” (antifascistes), qu’il décrit comme des “animaux nuisibles” en novembre 2023, fait partie de ses engagements.
Depuis son élection, le président souhaite supprimer le ministère de l’éducation, pourtant censé rédiger des directives nationales en faveur de l'amélioration du niveau d’étude dans tous les États, en aidant les jeunes défavorisé(e)s à accéder à de meilleures conditions d’études. Ce démantèlement se fera sous la surveillance d' Elon Musk, multimilliardaire américain, soutient de Trump depuis juillet 2024 qui promet de nuire financièrement à toutes les personnalités républicaines qui cherchent à s'opposer à l’application du programme présidentiel.
La soumission des puissances de la tech
Face à cette influence croissante d'Elon Musk, plusieurs milliardaires et entreprises du monde tech américain recherchent la reconnaissance du président. Ainsi, Mark Zuckerberg, PDG de Meta, modifie la politique de modération de son entreprise. Tim Cook, le PDG de Apple, a donné 1 million de dollars au comité de planification de l’inauguration du président, tout comme Amazon de Jeff Bezos et OpenAI de Microsoft. Jeff Bezos, propriétaire du journal de centre gauche américain, le Washington Post, avait interdit à sa ligne éditoriale de déclarer tout soutien en faveur Kamala Harris alors que le journal appuyait publiquement des candidats présidentiels depuis 1976.
Dans la même lignée, l’application Tiktok a cette semaine effectué une opération de communication dissimulée en soutien de Donald Trump. ( supprimé?) La filière américaine de Tiktok devait être interdite au téléchargement ou vendu d’ici dimanche dernier depuis l’été 2024, mais sa direction a elle-même décidé de fermer complètement, sans aucune obligation légale. Elle affiche un message mélioratif vis-à-vis du “président Trump”, avec qui ils négociaient, pour ensuite débloquer la plateforme en le félicitant pour avoir permis cette réouverture (après une fermeture qui n’était pas légalement nécessaire). Trump est alors présenté en héros protecteur de Tiktok dans une annonce faite au 150 millions d’utilisateurs mensuels de l’application. Ironie du fait: Celui-ci avait interdit par décret la plateforme en 2020, et était le premier à soutenir la fermeture de l’application.
Dans le brouillard de l’avenir politique américain
Le Parti démocrate, grand perdant de cette élection, doit élire un nouveau secrétaire national, début février. En dépit de plusieurs personnalités politiques jugées compétentes et charismatiques au sein du parti, celui-ci connaît une crise d’impopularité, avec 56% des américains qui détiennent un opinion défavorable sur celui-ci, selon le sondeur Yougov, presque autant que Trump à la fin de son premier mandat.
Avec le soutien de Twitter, Meta, et Tiktok, les trois réseaux sociaux qui sont parmi les plus influents aux États-Unis, Donald Trump apparait indétrônable.
La crise inflationniste qui touche le pays, entache l’image du parti démocrate au sujet de la gestion économique du pays.
Le programme économique de Donald Trump, fortement inflationniste par des journaux comme le conservateur le Wall Street Journal, pourra néanmoins faire basculer ce biais dans l’opinion publique, si ce programme est mis en application tel qu’il a été promis.
Quel que soit l’avenir politique , les quatre prochaines années vont permettre à Donald Trump de causer des dégâts massifs et potentiellement irréparables sur l'environnement, la démocratie et la protection des libertés comme l’avortement. La distorsion au sein du gouvernement fédéral ,entamé par une Cour Suprême conservatrice, risque de perdurer si les démocrates ne reviennent pas au pouvoir. au pouvoir.
*Tous les chiffres cités viennent de 538, l’accumulateur de sondages américain de ABC Media
Melvil Gagnard



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