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Une victoire féministe face aux défis du présent: cinquante ans de liberté à la suite de la dépénalisation de l'IVG

  • Photo du rédacteur: Eva Romano
    Eva Romano
  • 25 janv.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 janv.

 Ce 17 janvier marquait les cinquante ans de la loi dites Veil sur l’IVG (Interruption volontaire de la Grossesse). Portée par l’emblématique Simone Veil, qui était alors ministre de la Santé en 1975. Cette révolution sociétale représente le fruit d’un long combat mené par des millions de femmes dans le monde. Aujourd’hui, cette loi reste toujours un des piliers des droits des femmes.

 

Une page de l’histoire a été écrite, lorsque la ministre de la Santé défendait avec ferveur les Droits de la femme, dans une assemblée composée d'une majorité d’hommes quelque peu en désaccord avec le sujet. En dépénalisant l’IVG en France, Simone Veil a permis la reconnaissance des besoins de nombreuses femmes à accéder à des soins médicaux sécurisés, dans un cadre légal. Car rappelons avant 1975, on estime que 800 000 femmes subissaient chaque année un avortement clandestin dans leur domicile, avec l’aide d’un proche ou de médecins bravant les interdits. Les vies de nombreuses femmes ont donc était préservées.

Cet anniversaire est l’occasion de revenir sur l’un des progrès majeur qui a permis une certaine émancipation de la femme.


L’initiative d’un combat : retour sur la révolution de l’IVG


À l’origine de cette lutte, on retrouve le Manifeste 343, Pétition en une du journal Nouvel Observateur en 1971 ou l’on retrouve 343 femmes affirmant avoir avorté. De nombreuses personnalités connues du public y sont retrouvées, telles que Giselle Halimi, Simone de Beauvoir qui en est l’auteure ou encore Catherine Deneuve. Pouvant encourir entre un et cinq ans de prison, les signataires défendent un droit qui devrait leur être accordé. Cette revendication pour la légalisation de l'avortement et l'accès à la contraception provoque un grand débat public, mais surtout contribue à l’évolution des mentalités sur la question du droit des femmes.

Cette une de journal pose les bases pour la loi Veil de 1975. En effet, c'est en 1974, devant le Gouvernement de Jacques Chirac, que ce projet de loi fut présenté. Faisant preuve de détermination débordante, la ministre de la Santé prononce la phrase suivante en ouverture de son discours portant sur la souffrance des femmes : « Je voudrais vous faire partager une conviction de femmes. Je m’excuse de le faire devant une Assemblée constituée quasi exclusivement d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement ». Cette ouverture ouvre une discussion de 25 heures, ou plus de 400 hommes débattent sur les droits de la femme. Le projet de loi est finalement adopté avec 284 voix pour et 189 voix contre. Ce qui va valoir à la ministre de recevoir des propos antisémites et misogynes, allant parfois jusqu’à des attaques. Mais cela ne l’arrête en aucun cas, car elle reste profondément convaincue qu’il est nécessaire d’améliorer la condition des femmes.


Symbole d’une révolution féministe en 1975 : la loi Veil


Après l'adoption définitive par les deux chambres en commission mixte à la fin du mois de décembre, la loi Veil est finalement promulguée le 17 janvier 1975, mettant fin aux avortements clandestins, dangereux, responsables de milliers de morts chaque année. Cette loi modifie le regard de la société sur les femmes et leurs besoins et donne ainsi la voie à des milliers de femmes.

Néanmoins, cette réforme sociétale ne s’arrête pas là, puisqu’en 1982, l’IVG devient remboursable par la sécurité sociale, la rendant plus accessible. A la suite, le 27 janvier 1993, Véronique Neiertz, secrétaire d’Etat aux droits des femmes sous la présidence de François Mitterrand fait voter une loi pénalisant « l’entrave à l’avortement volontaire » qui permet de lutter contre la prolifération des « anti-IVG » faisant pression sur les femmes et entravant le fonctionnement des établissements pratiquant l’IVG. En 2014, le délit est étendu aux entraves à l’information sur l’IVG. En 2001, le délai de réflexion a été allongé à 12 semaines, puis repoussé encore une fois en 2022 à 14 semaines afin d’accompagner les femmes dans leur choix.


Mais la question se pose, que contient cette loi ?


On retrouve dans les pages accordé à la loi Veil du Journal officiel de la République française du 18 janvier 1975 : "L’interruption volontaire d’une grossesse peut, à toute époque, être pratiquée si deux médecins attestent, après examen et discussion, que la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme ou qu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic." (Art. 162 - 12). Cette loi accorde l’accès à l’IVG pour toutes, mais sous conditions ; telle qu’une demande écrite de la femme ainsi qu’un délai de réflexion de sept jours avant de procéder à l’avortement.


Extensions des Droits depuis la loi Veil : 50 ans d’avancées.


Depuis 2020, une loi protège les mineures. Elles accèdent à l’IVG sans le consentement des parents, ce qui assure la protection des jeunes filles en situation de vulnérabilité et garanti leur droit à leur autonomie corporelle et médicale.

Enfin le 4 mars 2024, le Parlement français, réuni en Congrès à Versailles adopte une révision constitutionnelle qui inscrit le droit de la femme à recourir à l’interruption volontaire de grossesse. Cette révision promulguée le 8 mars 2024, date de la journée internationale des droits des femmes, renforce une nouvelle fois la protection durable et légale de l’IVG en France qui est désormais protégé constitutionnellement.

En parallèle, depuis les années 2000 une loi sur l'égalité professionnelle au sujet des discriminations liées à la grossesse et à la maternité au travail apparaissent. Elle favorise l'égalité des chances entre femmes et hommes dans le monde du travail.


Préserver et renforcer les droits des femmes : 50 ans après.


Grace à la loi Veil, le droit à l’avortement et à la contraception est de plus en plus reconnu. En 2023, la France a enregistré 243 623 IVG, soit une augmentation de 8 600 par rapport à l'année précédente, hausse pouvant être attribuée à une meilleure accessibilité des services de santé et à une sensibilisation accrue des femmes à leurs droits reproductifs.

Ce qui marque une avancée car ce droit ne fait pas l'unanimité sur la scène internationale. Le renversement de l'arrêt Roe vs. Wade dans certains Etats des États-Unis d’Amérique. Le Honduras, Malte, le Nicaragua, le Guatemala et d’autres encore où l’IVG est interdite et illégale sous toute condition en sont l'illustration.


D’énormes progrès significatifs sont tout de même menés pour garantir les droits reproductifs des femmes, leur autonomie et leur égalité dans de nombreux domaines de la vie sociale, politique et économique. Ces réformes continuent de transformer la société et offrent aux générations futures une meilleure protection et égalité en matière de droits. Ces évolutions témoignent de l'engagement continu de femmes en faveur de leurs droits passant par l'accès à l'IVG.

Ce droit, "il nous faut le défendre, le rendre accessible à toutes les personnes qui en font le choix" selon une intersyndicale du planning familial lors d’une manifestation. Ce qui nous confirme que le combat mener par toutes ces femmes depuis plusieurs décennies a un sens.

Ils témoignent de la volonté des femmes à choisir ce qui est le mieux pour elles, à prendre en main leur destin et à pouvoir faire des choix pour elles-mêmes. Permettant à toutes les femmes, quelle que soit leur classe sociale, leur origine ou leur situation géographique, d'avoir les mêmes droits à la santé et à la sécurité, le droit à l’interruption volontaire de grossesse est un combat de justice sociale.

Le combat des femmes d'aujourd'hui est également un combat pour l'avenir.


Nina Uwikeza

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