Congés menstruels : Un vent nouveau souffle sur l’université de Bordeaux
- Sacha Mourat

- 25 janv.
- 4 min de lecture
Depuis le début de cette rentrée universitaire 2024-2025, nous avons pris connaissance, à travers une note de l’administration aux étudiants de la mise en place des congés menstruels, de 24h sans justificatif médical, à l’Université de Bordeaux. Cette nouvelle est une avancée importante dans la reconnaissance de l’impact des douleurs menstruelles sur la vie académique.
Un congé menstruel accueilli avec enthousiasme dans le milieu étudiant bordelais
C’est en grande pompe que le nouveau dispositif de congés menstruels est accueilli dans le milieu estudiantin bordelais. Après l’université d’Angers, pionnière à la rentrée 2023, celles de Bordeaux-Montaigne, de Clermont-Auvergne ou encore de Créteil, l’université de Bordeaux fait son entrée sur la liste des rares et premières universités en France a avoir instauré un tel dispositif au profit de ses étudiants. Le 20 juin 2024, la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU) de l'université a approuvé la mise en place d’un congé menstruel, applicable dès la rentrée universitaire 2024.
Ainsi, depuis septembre 2024, les étudiants de l’université de Bordeaux peuvent bénéficier de « repos menstruels » de 24h. Ce congé est accordé sans avis médical et sur une simple demande de l’interessé-e. La demande doit être réalisée dans le créneau suivant 48H avant ou après la date de l'absence demandée. Un délai de 21 jours entre deux absences doit être respecté peut-on lire blanc sur noir sur l’onglet du site de l’université qui lui est dédié. Ainsi l’attestation obtenue vaut un justificatif d’absence de 24h. Cette dématérialisation du processus est particulièrement saluée par les étudiantes. « Cela évite de devoir se déplacer uniquement pour obtenir un justificatif, ce qui peut être compliqué lorsque l’on est souffrante », explique une étudiante en droit, ravie de cette avancée.
Toutefois, de nombreux étudiants manifestent leur mécontentement quant à la durée très limitée de 24h du repos menstruel. « Globalement, oui, cette décision répond aux attentes que l’on pouvait avoir. Néanmoins, le point négatif concerne la durée de ce congé : certaines femmes ont besoin de plus de repos, car leurs menstruations durent plus longtemps et sont parfois plus douloureuses. Certaines souffrent durant toute une semaine » s’indigne une étudiante lorsque nous lui avons demandé si la reforme répond à ses attentes. En effet, certaines pathologies telles que l’endométriose, qui est une maladie gynécologique inflammatoire et chronique fréquente qui touche près de 10 % des femmes, se caractérise par la présence, en dehors de l'utérus, de fragments de muqueuse utérine (endomètre) ou tissu endométrial, comprenant des glandes et du stroma (tissu servant à soutenir, protéger et relier entre eux les nerfs, les vaisseaux sanguins et lymphatiques qu’il contient), peut provoquer, pendant le cycle menstruel, des règles douloureuses qui peuvent s’étaler sur plusieurs jours. Ainsi, il serait donc préférable d’étudier les demandes cas au cas et de redéfinir la durée du repos selon le cas.
La nécessité d’un tel dispositif
L’instauration d’un congé menstruel répond à une problématique bien réelle rencontrée par de nombreuses étudiantes dans leur vie quotidienne et académique. Pendant leurs périodes menstruelles, certaines étudiantes font face à des difficultés importantes qui impactent leur capacité à suivre les cours, réviser, ou préparer efficacement les examens. Ces moments peuvent devenir particulièrement éprouvants lorsque les symptômes menstruels sont intenses.
En effet, les périodes menstruelles douloureuses, connues sous le terme de dysménorrhées, touchent une grande partie de la population féminine. Selon les médecins, ces douleurs peuvent se manifester par des crampes abdominales sévères, des nausées, des vomissements, des maux de tête intenses, des douleurs musculaires, ainsi qu’une fatigue chronique. Ces symptômes ne se limitent pas à des désagréments physiques, mais peuvent également entraîner des difficultés de concentration, une baisse de la productivité et une détérioration du bien-être psychologique.
Le congé menstruel constitue donc une avancée significative, car il permet de répondre à ces besoins spécifiques tout en reconnaissant la réalité de la santé menstruelle. Il offre aux étudiantes la possibilité de prendre le repos nécessaire pour gérer ces douleurs sans avoir à se justifier par un certificat médical, réduisant ainsi la stigmatisation souvent associée à ce sujet.
En outre, ce dispositif participe à la lutte contre les inégalités en créant un cadre académique plus inclusif. Les étudiantes ne se trouvent plus dans l’obligation de sacrifier leur santé ou leurs performances scolaires pendant ces périodes délicates. Il s’agit également d’une reconnaissance institutionnelle qui valorise le bien-être des étudiantes et leur offre un soutien adapté à leurs besoins.
En mettant en place un congé menstruel, l’université de Bordeaux s’engage non seulement à améliorer les conditions de vie et d’études des étudiants, mais aussi à promouvoir une prise de conscience sur des enjeux de santé souvent négligés. Cela « contribue [également] à briser les tabous, notamment en supprimant la nécessité de se justifier constamment auprès des professeurs, qui sont désormais sensibilisés et informés sur ce sujet. Les étudiants, eux aussi, prennent davantage conscience de ce que cela peut représenter » retorque Alicia, étudiante en deuxième année de droit à l’Université de Bordeaux.
Comment bénéficier de ce dispositif
Pour bénéficier de ce dispositif, il faut, à l’évidence être régulièrement inscrit à l’Université de Bordeaux. Ensuite, connectez-vous à votre Espace Numérique de Travail (ENT) en utilisant vos identifiants universitaires. Une fois connecté-e rendez-vous dans la section Mon cursus. Faites défiler la page jusqu'en bas et cliquez sur l'option Repos menstruel. Vous aurez donc à remplir un formulaire en fournissant les informations requises. Enfin après soumission, vous recevrez une attestation d'absence par courriel dans un bref délai.
Loïc Dinguem-nayal


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