À Bordeaux, le Ruban Rose teinte la ville : Un Challenge qui allie Sport, Solidarité et Espoir
- Sacha Mourat

- 10 nov. 2024
- 7 min de lecture

À Bordeaux, la course du Ruban Rose ne rassemble pas que des coureurs, mais surtout des histoires. Cette course réunit de nombreuses femmes chaque année sur la cause du cancer du sein, chacune avec son histoire et son engagement. De Josiane, qui a bravé trois cancers du sein, à Marie-Pierre, dont le parcours a frôlé la crainte de la maladie, jusqu’à Garance, venue courir par solidarité, toutes partagent un même engagement : soutenir celles qui luttent. Dans cet élan de force et d’entraide, chaque pas, chaque souffle, symbolise l’espoir et la résilience au-delà des frontières de la maladie. Leurs témoignages dessinent un portrait poignant d’une cause qui les unit au-delà des kilomètres.
L'évolution du cancer du sein en France témoigne d’un double constat : d'une part, une augmentation de l'incidence, et d'autre part, une amélioration des taux de survie, due aux progrès thérapeutiques et aux campagnes de dépistage. Avec environ 61 214 nouveaux cas de cancer du sein détectés en 2023(1), cette maladie reste la plus fréquente chez les femmes. Cette augmentation constante depuis les années 1990 est attribuée aux avancées en diagnostic et au vieillissement de la population, mais elle est également marquée par des comportements à risque et une exposition accrue aux perturbateurs endocriniens, souvent liés à des facteurs environnementaux(2). La Course du Ruban Rose de Bordeaux symbolise cet engagement collectif dans la lutte contre le cancer du sein. Cette course, organisée chaque année, s'inscrit dans le cadre d'Octobre Rose, un mois de sensibilisation où se multiplient les initiatives pour mobiliser la population autour de la prévention, de la recherche, et de l'accompagnement des patientes. En 2024, alors que l’on célèbre la 30ᵉ année d’Octobre Rose, cette course devient plus qu’un simple événement sportif : elle représente un élan de solidarité et de soutien pour toutes celles touchées par la maladie, ainsi que pour la sensibilisation aux actions de prévention.
En encourageant la participation et en rappelant l'importance d'un dépistage précoce, la Course du Ruban Rose de Bordeaux aide à promouvoir la prévention, essentielle pour réduire l'incidence et la mortalité du cancer du sein. En associant ainsi sport, sensibilisation et recherche, elle incarne le lien étroit entre l’amélioration de la qualité de vie des femmes et la lutte active contre cette maladie.
Quand le cancer du sein bouleverse et révèle la force des femmes
Dans le cadre de la lutte contre le cancer du sein, un chiffre clé ressort : l’âge moyen au diagnostic est de 64 ans, et près de 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans, selon l’Institut National du Cancer. Josiane, elle, a été confrontée à cette maladie dès 50 ans. Lors d’une consultation gynécologique de routine, une tumeur est découverte, déclenchant un parcours éprouvant. Elle subit une ablation de la tumeur, suivie de plusieurs cycles de chimiothérapie, de radiothérapie, et d’hormonothérapie. L’arrêt de travail forcé de neuf mois est particulièrement difficile pour cette femme active qui voit ses liens sociaux se distendre et sa confiance en elle s’éroder. “La perte de mes cheveux et l’isolement dû au traitement ont été très durs. Ne pas pouvoir travailler me coupait du monde et rendait la reprise compliquée”, confie-t-elle. Malgré la difficulté, elle s’est accrochée, grâce au soutien de sa famille, de l’association LISA, et d’une philosophie de vie qui la pousse à relativiser : “J’ai toujours essayé de voir qu’il y a plus grave que moi, c’est ce qui m’a permis de continuer à avancer.”. Quand un second cancer apparaît, cette fois dans l’autre sein, Josiane est retraitée, ce qui lui permet de supporter les traitements plus sereinement, bien que le rythme intense des séances de radiothérapie et la kinésithérapie aient demandé une grande énergie. Mais c’est lors de son troisième cancer que l’épreuve se fait la plus ardue : l’ablation de son sein gauche la confronte au regard des autres et à son propre reflet dans le miroir. Elle décrit les difficiles séances de kiné qui suivent, le rapport changeant avec son corps et sa féminité, et le soutien précieux de son mari dans cette épreuve. “J’ai refusé de voir un psychologue, je voulais y arriver seule. Mais être entourée et pouvoir compter sur mes proches a été essentiel” dit-elle. Josiane se dit néanmoins encouragée par les progrès de la médecine, notant des évolutions dans les traitements et les examens, notamment des radiothérapies plus précises et moins invasives. Son message pour les autres femmes est plein d’espoir et de résilience : “Il ne faut jamais baisser les bras, garder courage et confiance en la médecine.”
À 64 ans, c’est Marie-Pierre, une autre femme retraitée, qui a dû affronter la peur d’un diagnostic de cancer du sein. Lors d’une mammographie de contrôle, son radiologue détecte des micro-calcifications suspectes dans un sein. Bien que les analyses soient compatibles avec une mastopathie bénigne, les médecins préconisent une opération avec une biopsie pour écarter tout risque de malignité. “ L’attente des résultats a été un moment de grand stress” partage-t-elle. “ Je relançais souvent pour savoir si c’était vraiment un cancer ou non, et cette incertitude pesait lourdement. “ Finalement, après une opération de trois heures où le chirurgien retire les kystes et rééquilibre les deux seins, les résultats reviennent bénins, un soulagement immense pour Marie-Pierre. Cependant, elle déplore le manque de précisions dans certaines étapes de son parcours, notamment lorsqu’elle se rend chez un prothésiste pour des mesures de soutien post-opératoire, sans avoir été informée au préalable sur les raisons, ce qui l’a effrayée. Elle souligne l’importance de bien choisir ses praticiens pour ce type d’intervention : “Mon chirurgien a su préserver l’aspect esthétique de ma poitrine, et ça compte beaucoup pour une femme. Une mauvaise cicatrisation peut toucher la féminité et le moral “ explique-t-elle, rappelant qu’un bon suivi est indispensable pour surmonter l’épreuve.
Les parcours de Josiane et Marie-Pierre mettent en lumière la réalité complexe et parfois angoissante des cancers et des suspicions de cancer du sein. Si les chiffres montrent que l’âge est un facteur important, elles appellent également à l’importance du suivi gynécologique, du dépistage, et de l’entourage pour traverser de telles épreuves. En témoins engagées, Josiane et Marie-Pierre livrent un message commun : bien s’entourer, oser se faire dépister, et ne pas renoncer à espérer.
Des pas unis pour “toutes les femmes”
À la marche du Ruban Rose, Garance, étudiante, se joint au mouvement de solidarité pour le cancer du sein, bien que ni elle ni son entourage n’aient été touchés directement par cette maladie. Pour elle, cet engagement va au-delà de l’expérience personnelle ; il s’agit de soutenir les femmes et de contribuer à la sensibilisation, car, comme elle le souligne, “cela concerne toutes les femmes.” En participant à cette course, Garance découvre une ambiance porteuse de bienveillance : un lever de soleil éclatant, de la musique entraînante, des bénévoles attentifs, des stands d’information, et une foule rassemblée pour une même cause. Le challenge du Ruban Rose permet aux participants de mieux comprendre les enjeux du dépistage, de rencontrer des bénévoles et des soignants prêts à répondre aux questions, et de renforcer les messages de prévention auprès de milliers de personnes. Cette association récolte parallèlement des dons reversés aux organismes locaux des villes d’accueil, œuvrant pour la lutte contre le cancer du sein.
L’augmentation de nouveaux cas de cancer détectés en France souligne l’urgence de sensibiliser toutes les générations aux risques et aux outils de prévention. Pour Garance, cette course a un impact direct : elle en ressort davantage informée, avec l’envie de se faire dépister et de rappeler autour d’elle que chaque femme doit apprendre à se palper et à consulter régulièrement. Le Ruban Rose lui a aussi permis de saisir l’importance de se tenir informée, que ce soit pour le cancer du sein ou pour d’autres cancers ; cette expérience collective renforce le soutien envers celles qui luttent contre la maladie. Au cœur de cette course, la solidarité prend toute son ampleur. Voir des centaines de femmes réunies pour la même cause envoie un message puissant de soutien aux personnes touchées par la maladie, comme Josiane, qui a traversé trois cancers, et Marie-Pierre, pour qui l’inquiétude d’un diagnostic a changé sa vision du dépistage. Chaque pas, chaque sourire échangé et chaque main tendue lors du Ruban Rose rappellent aux personnes atteintes d’un cancer du sein qu’elles ne sont pas seules et que leur courage est honoré par un mouvement collectif d’espoir et de résilience.
Numéros :
En France plusieurs numéros d’aide et d’information pour les personnes concernées par le cancer du sein. Ces lignes offrent des conseils, un soutien psychologique, et des informations sur les traitements et les droits des patientes. Elles orientent également vers des structures locales pour un accompagnement personnalisé.
Cancer Info Service : un numéro mis en place par l’Institut National du Cancer (INCa) pour des informations générales, du soutien et une orientation vers des structures adaptées. Vous pouvez les joindre au 0 805 123 124 (appel gratuit depuis un poste fixe en France), disponible du lundi au vendredi de 9h à 19h.
Ligne nationale Cancer du sein de l’association Ruban Rose : ce numéro propose une écoute et un accompagnement spécifiques pour les patientes et leurs proches. Vous pouvez les contacter au 0 800 940 939.
Ligne de la Ligue contre le Cancer : accessible au 0 800 940 939 pour obtenir des informations sur le cancer, des conseils sur les démarches administratives, et des contacts d’aide locale.
En Gironde, plus spécifiquement :
La Ligue contre le Cancer, Comité de Gironde : La Ligue propose un accompagnement personnalisé et des services spécifiques comme des consultations de soutien psychologique, des groupes de parole, et des conseils en soins de support (socio-esthétique, activité physique adaptée). Le Comité est joignable au 05 56 33 33 00 et se situe au 76 cours Georges Clémenceau, 33000 Bordeaux.
Oncopole de Bordeaux : L’Oncopole rassemble les structures médicales et de recherche de Gironde et propose des parcours de soins coordonnés pour les personnes atteintes de cancer, notamment des services de soutien en cancérologie. Pour obtenir des informations ou de l’aide, vous pouvez contacter les centres hospitaliers qui en font partie, comme l’Institut Bergonié au 05 56 33 33 33.
Maison Rose Bordeaux : Ce centre d’accueil pour les femmes touchées par le cancer, et leurs proches, propose des activités bien-être, des ateliers de soutien psychologique et des conseils en nutrition. Pour plus d’informations, contactez-les au 05 56 90 88 88 ou rendez-vous à leur adresse au 9 rue de Condé, 33000 Bordeaux.
Ces organismes sont là pour aider les patientes et leurs proches en apportant une aide pratique, un soutien moral et des conseils personnalisés adaptés aux besoins locaux des habitants de la Gironde.
Marine DA CUNHA
Sources :
: Fondation pour la recherche sur le cancer
: La veille, acteurs de santé
Ruban rose :


Commentaires