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La peur de l’échec

  • Photo du rédacteur: Sacha Mourat
    Sacha Mourat
  • 10 nov. 2024
  • 3 min de lecture


En cette période d’examen, la montée du stress s’explique en raison de la peur de l’échec. Cette peur d’avoir fourni un travail important, inutilement, sans récompense. Alors comment associer l’échec à quelque chose de positif ? Et surtout comment  le normaliser ?

Nos études se traduisent par un enchaînement d’examens sans précédent, qu'il faudrait absolument réussir. Or, nous restons des êtres humains qui par nature sommes imparfaits. En ce sens, le travail permet certes de limiter l’échec mais il ne l’écarte pas pour autant. La mauvaise gestion du stress, le manque de sommeil, de confiance en soi sont autant de facteurs qui parasitent l’objectif escompté. Ainsi, le fait de réussir demande bien plus que du travail, il demande une maîtrise complète de soi-même. Néanmoins, qui n’a jamais douté ? Qui n’a jamais perdu ces moyens ? Se sentant de ce fait nul, incapable de réfléchir et méprisant sa propre personne en raison de sentiments pourtant proprement humains.


En somme, je ne connais aucun Homme dont la notion d’échec lui reste inconnue car elle est totalement normale. Même si cela sonne défaitiste, il faut dans certains cas échouer afin de comprendre ses erreurs et pour surtout mieux rebondir. La réussite permanente revient à considérer l'être comme parfait, puisqu’il reste exclu de toute difficulté. Cependant, au-delà des examens, la vie quotidienne nous pousse à l’échec et parallèlement nous travaillons sur nous-même pour l’éviter. Cette crainte de l’échec se cristallise au sein du regard d’autrui. La peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, d'être tout simplement inférieur nous dévore de l’intérieur, comme si toute notre intelligence dépendait de celle des autres. Au sein de son ouvrage L’Etre et le Néant, Sartre abordait cette sensation que provoque la honte. En effet, la honte se manifeste par l’influence et le jugement que les autres portent sur nous. Sans cela, la honte n’existerait pas. En d’autres termes, la peur de l’échec serait moins grande sans cette concurrence et comparaison constante avec l’autre. L’appréciation positive de l’échec fonctionnerait en nous focalisant sur notre propre personne, sur nos qualités et nos défauts et les raisons qui fondent notre échec.


L’art de savourer la réussite


En parallèle, j’ai pu observer à de maintes reprises que la réussite, une fois l’objectif atteint, se savoure moins que la frustration et la tristesse produites par l'échec. Nous tendons à normaliser notre réussite comme si elle se fondait sur  beaucoup de chance et peu de travail alors que l’échec se traduit logiquement par le manque de préparation. Le peu de remerciement que l’on accorde à nous-même, pousse l’homme à atteindre la perfection. Or, celle-ci n’existe pas et le désir de toujours mieux faire, nous rend insatisfait de nos réussites. C’est une sorte de cercle vicieux, ou l’histoire du serpent qui se mord la queue. Indépendamment de ce que l’on a produit, l’homme reste dubitatif et dur envers lui-même car cela reste insuffisant à ses yeux, à nos yeux. 

Je pense sincèrement que la reconnaissance de soi-même reste une clé indispensable à la réussite. En l’absence de toute considération sur ses qualités, sur tout le chemin accompli, la moindre erreur, le moindre échec peut tout chambouler, tel un funambule qui attend le vent, pour tomber. Une réussite ne signifie pas que vous êtes le meilleur, un échec ne signifie pas que vous êtes un raté, sans avenir. Les deux se complètent, s’harmonisent et forment votre propre histoire, unique en son genre. 


Le rejet sociétal de l’échec


Les réseaux sociaux, les études supérieures, le monde du travail, bref durant toute notre vie, l’échec est écarté, délaissé comme s'il n’existait tout simplement pas. Internet favorise malheureusement ce processus. En exposant son train de vie brillant, parfait, son corps parfait, sa maison parfaite, ses études parfaites, autrui nous rend mal, nous complexe car parfois nous en sommes l’opposé. Le pire demeure que toute cette illustration de nos vies quotidiennes n’est qu’une pure illusion et ne reflète en aucun cas la réalité. Personne ne connaît une journée identique à l’autre et personne ne se réveille tous les jours de bonne humeur. Au hasard des jours, notre chance se solidifie ou s’évapore, indépendamment de notre volonté. En se focalisant sur la perfection, sur ce rejet de l’échec associé à la nullité nous oubliant ce qu’il y a de plus humains en nous, nos émotions et ressentis. Souvent, la réussite sonne comme un bonheur total. Mais qui a déjà affirmé avoir totalement réussi ?


Eva ROMANO

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